Peter Brey
Peter Brey a un long parcours professionnel fortement lié aux valeurs défendues par Initiatives et Changement. Il a dirigé la Fondation Leenaards de 2012 à 2023, une fondation philanthropique qui cherche à stimuler les dynamiques créatives dans la région lémanique et soutient des initiatives qui anticipent, questionnent et accompagnent les changements de la société dans les domaines des arts, du vieillissement et de la santé.
Sara Moussa
Sara Moussa, étudiante suisse et libanaise en troisième année à la HEIG (Haute École d'Ingénierie et de Gestion) en Suisse, collabore avec nos équipes dans le cadre de son travail de Bachelor. Son objectif est d'identifier les forces et les faiblesses de notre activité dans le cadre d'une hospitalité pour le changement, ainsi que d'explorer les diverses opportunités d'amélioration.
L'Europe : Un esprit de diversité
Par Mary Lean
30/04/2024
La journaliste espagnole Victoria Martín de la Torre est passionnée par l'Europe, la diversité et les relations interconfessionnelles. Après avoir été pendant 15 ans attachée de presse du groupe des socialistes et démocrates au Parlement européen, et avec deux livres à son actif, elle travaille aujourd'hui au service de recherche du Parlement européen, qui fournit des études académiques aux député.e.s européen.ne.s, et termine actuellement un doctorat sur ce que les pionniers de l'Union européenne de l'après-Seconde Guerre mondiale peuvent apprendre à l'Europe d'aujourd'hui.
Comme étude de cas, Victoria a choisi l'ancien Young Ambassadors Programme de Caux Initiatives et Changement, un programme de formation intensive pour les jeunes Européen.e.s qui aspirent à jouer un rôle actif dans la transformation de la société, dans le but de les équipper d'outils de réflexion et d'outils pratiques pour construire un changement durable, de leur inspirer une conviction plus profonde au sujet de l'Europe et de les mettre en contact avec un réseau de soutien composé de jeunes engagé.e.s de la même manière.
Lorsque l'UE a vu le jour, elle était connue sous le nom de Communauté européenne, rappelle Victoria. Elle explique que les pères fondateurs ont puisé leur définition de la "communauté" dans les écrits du théologien et philosophe du XIIIe siècle, Saint Thomas d'Aquin.
"Selon Aquin, dans une communauté, tous les membres sont libres de participer. Ils sont égaux, renoncent à leur intérêt personnel et recherchent le bien commun. Il disait aussi que l'intérêt commun est bien plus que la somme des intérêts individuels des États membres". Cette définition de l'intérêt commun figure dans les traités qui ont créé la Communauté européenne.
Il existe des modèles juridiques et institutionnels pour l'intégration européenne, explique Victoria, mais les pères fondateurs ont soutenu que l'on ne peut construire une communauté que si les gens ordinaires se rassemblent. Robert Schuman, homme politique français et l'un des pères fondateurs de l'UE, a déclaré que l'Europe n'est pas un concept géographique, mais un état d'esprit. Cet état d'esprit implique l'acceptation de la différence. C'est pourquoi je pense que le dialogue interculturel est si important."
Pour son doctorat, elle a choisi trois programmes pour tester sa théorie selon laquelle le dialogue interculturel construit la communauté : Le Young Ambassadors Programme de Caux (2015 - 2021), qui a rassemblé de jeunes Européen.ne.s pour explorer le lien entre changement personnel et changement global ; Belieforama, un réseau de petites ONG qui propose des formations pour vaincre l'antisémitisme et l'islamophobie en s'attaquant aux stéréotypes et aux préjugés ; et la Anti-Rumour Strategy, promue par les mairies de différents pays et par l'UE, qui lutte contre les préjugés à l'égard des immigré.e.s.
Victoria a découvert que ces trois programmes considèrent les êtres humains comme des êtres relationnels et que chacun d'entre eux crée une atmosphère propice à l'établissement de liens. "Si l'on supprime les obstacles, les êtres humains sont conçus pour se connecter", dit-elle, tout en soulignant que la question reste de savoir ce qui se passe lorsque les gens rentrent chez eux.
Lorsque Victoria a interrogé les participant.e.s et les facilitateurs et facilitatrices des trois programmes, elle a non seulement trouvé des points communs, mais aussi des surprises : "La plupart des gens ont dit que les projets avaient semé une graine en eux, de sorte qu'à l'avenir, lorsqu'ils auront une réaction spontanée de peur ou de préjugé, ils pourront y remédier. Je m'attendais à ce que la clé soit les amitiés durables que les gens avaient nouées, mais tout le monde n'a pas gardé ses amitiés. La prise de conscience était la chose la plus importante."
Elle a demandé aux participant.e.s si les programmes les avaient rendu.e.s plus disposé.e.s à avoir des ami.e.s d'un autre groupe. "Au moins la moitié d'entre eux et elles ont répondu par la négative, peut-être parce que les personnes qui s'inscrivent à ces programmes sont de toute façon déjà prêtes à rencontrer l'autre groupe. Mais ils ont tous et toutes senti qu'ils et elles avaient la responsabilité de multiplier le processus qu'ils et elles avaient vécu, même si ce n'était qu'auprès de leur famille et de leurs ami.e.s."
Lorsque Victoria a participé à la conférence Pour relancer une Europe inachevée à Caux en 2016, son point fort a été les petits groupes, dits groupes de communauté, qui se réunissaient pour des moments de réflexion et de partage silencieux. "C'est ce qui m'a le plus rapprochée des autres participant.e.s. J'adore Initiatives et Changement et son principe selon lequel le changement commence par soi-même".
Au vu de son expérience personnelle, elle a été surprise d'entendre les personnes interrogées déclarer que les informations et les connaissances qu'elles avaient acquises étaient aussi importantes que les relations humaines : "Même si vous établissez un contact humain, il se peut que vous ayez encore des idées fausses. Si vous n'abordez pas ces questions, la connexion reste très superficielle. L'esprit et le cœur doivent aller de pair".
On ne peut construire une communauté que si les gens ordinaires se rassemblent. (...) L'Europe n'est pas un concept géographique, mais un état d'esprit. Cet état d'esprit implique l'acceptation de la différence. C'est pourquoi je pense que le dialogue interculturel est si important.
La passion de Victoria pour les échanges interculturels remonte à "la meilleure année de sa vie", lorsqu'elle était étudiante en master à New York, à l'âge de 23 ans. Après avoir grandi à Madrid dans une famille espagnole "classique", elle s'est retrouvée à étudier avec des camarades de classe du monde entier. "Mes cinq meilleurs ami.e.s étaient juifs ou juives, musulman.e.s et chrétien.ne.s."
À l'époque, elle ne croyait pas en Dieu, mais ces amitiés l'ont amenée à reconsidérer sa position : "Je ne savais pas quelle religion choisir, alors je me suis impliquée dans le dialogue interreligieux". Aujourd'hui, elle est une catholique engagée et a fondé en 2009 le Forum Abraham pour le dialogue interreligieux et interculturel, basé à Madrid.
Victoria ne peut s'empêcher de penser qu'avec le changement de nom de la Communauté européenne à l'Union européenne en 1992, quelque chose a été perdu : "Pour beaucoup de gens, c'est devenu un projet économique au lieu d'une communauté." Mais elle est convaincue que l'expérience de Covid a permis de remédier à cette situation : "Les Européen.ne.s ont réalisé qu'ils et elles avaient besoin les un.e.s des autres et les craintes de voir d'autres pays suivre l'exemple du Brexit au Royaume-Uni ne se sont pas concrétisées jusqu'à présent."
Dans le même temps, elle s'inquiète de la montée du nationalisme et des attitudes négatives à l'égard des migrant.e.s. "Dans l'UE, on parle beaucoup de la citoyenneté européenne et des droits des citoyens. C'est une bonne chose. Mais qu'en est-il de ceux et celles d'entre nous qui ne sont pas des citoyen.ne.s ? Les migrant.ne.s qui arrivent par bateau d'Afrique ne voteront pas et ne paieront pas d'impôts, du moins pour l'instant. Mais cela ne signifie pas qu'ils et elles ne sont pas des personnes. Je ne pense pas que l'on puisse avoir une véritable Communauté européenne selon les pères fondateurs si elle ne s'adresse qu'aux citoyen.ne.s. Elle doit s'adresser aux personnes."
Je ne pense pas que l'on puisse avoir une véritable Communauté européenne selon les pères fondateurs si elle ne s'adresse qu'aux citoyen.ne.s. Elle doit s'adresser aux personnes
La démocratie recule actuellement dans le monde entier. Si le vent doit tourner, ceux et celles d'entre nous qui vivent dans des démocraties ont un rôle vital à jouer. La démocratie ne peut pas être mise en œuvre de l'extérieur, et chaque société doit développer sa propre façon de permettre une gouvernance par le peuple pour le peuple. Mais quelle que soit sa forme, elle dépend d'une citoyenneté éduquée, d'une gouvernance juste, d'une économie inclusive et de médias honnêtes.
Cet été, le Caux Forum pour la démocratie (15-19 juillet 2024) se penchera sur la question de savoir comment la démocratie peut être revitalisée en Europe et dans le monde.
Rejoignez-nous en juillet et faites partie d'une communauté mondiale d'artisan.ne.s du changement au Caux Forum pour la démocratie !
Pour en savoir plus et vous inscrire, cliquez ici :
- Cérémonie d'ouverture: Revitaliser la démocratie - Vers des sociétés inclusives et pacifiques : 15 juillet 2024
- Caux Forum sur la démocratie : 15 – 19 July, 2024
Journée Internationale de la Conscience
Par John Bond & Tina Clifton
18/04/2024
Le 5 avril dernier, Initiatives et Changement a accueilli la célébration de la Journée internationale de la conscience à Genève rassemblant quelque 210 participant.e.s entré.e.s symboliquement dans le Palais des Nations Unies par la Porte de la Paix. Cette journée est un appel à prendre conscience du pouvoir de notre interconnexion et à prendre des mesures urgentes pour ouvrir de nouvelles voies de conscience et d'amour pour des sociétés plus justes, plus heureuses et plus pacifiques. L'événement était co-organisé par Sofia Stril-Rever de Be the Love, et Sarah Noble et Ignacio Packer de Caux Initiatives et Changement.
"Soyez le changement que vous voulez voir dans le monde", affirmait le Mahatma Gandhi au siècle dernier. À l'aube du nouveau millénaire, nous lui répondons avec Sofia Stril-Rever : "Soyez l'amour que vous voulez voir dans le monde".
Cette commémoration, qui a lieu tous les 5 avril, est née en 2019 d’une initiative du Royaume de Bahreïn approuvée par l'Assemblée générale des Nations Unies. Cette année, la commémoration de Genève a débuté par les messages d’accueil de Lidiya Grigoreva, cheffe de cabinet du directeur général de l'ONU à Genève, d'Alfonso Gomez, maire de Genève, et de Hasan Moosa Shafaei, chargé d'affaires de Bahreïn.
Lidiya Grigoreva nous a rappelé que « la Journée internationale de la conscience offrait une opportunité de transmettre à chacun.e des pratiques de culture de la paix et de réflexion silencieuse afin d'approfondir une prise de décision motivée par un souci d’éthique, de créer un monde guidé par la conscience, l'amour et la paix. Un monde de paix, de solidarité et d'harmonie pour toutes et tous. »
Gerald Pillay, président d'Initiatives et Changement International, a clôturé ces discours en attirant l'attention sur l’article premier de la Déclaration universelle des droits humains qui affirme que tous les êtres humains sont « doués de raison et de conscience ». Il a déclaré qu'I&C reconnaissait l’importance de la conscience en « cherchant à décerner des orientations et en promouvant la réflexion silencieuse et la pleine conscience comme exercice quotidien. »
« Affirmer l'importance de la conscience ramène notre lutte pour la justice à un niveau personnel et existentiel », a-t-il conclu. « Nous devons explorer noter cœur et notre esprit, nous demander si nous ne sommes pas complices des problèmes du monde, comment nous pouvons demander pardon et pardonner, et comment nous faire la différence en traitant les autres avec plus de gentillesse et de bienveillance. Cette rencontre personnelle - vivre avec une conscience pure, si vous préférez - est la seule qui nous permettra de faire la différence dans la sphère publique et sur la scène mondiale ».’
Abordant les trois thèmes de la Journée internationale de la conscience, à savoir la conscience, l'amour et la paix, le programme de la journée a réuni en séance plénière ou sous la forme d’ateliers 35 oratrices et orateurs, actives et actifs dans de nombreux pays dans le domaine du rétablissement de la paix, de l’activisme environnemental, de la coopération interreligieuse et des campagnes politiques. Les interventions ont été entrecoupées de chants et de solos de violon, ainsi que de pauses méditation, menées par Sofia Stril-Rever.
Hajar Bichri est venue du Maroc et s'est exprimée à l’occasion du panel consacré à l'amour, une force pour la justice sociale, la paix et l'évolution humaine. « Je suis ici en tant que jeune initiatrice de changement de l'équipe du Leadership créatif », a-t-elle déclaré. « J'ai découvert le pouvoir d’Initiatives et Changement en 2016, lors de ma participation au programme de Caux pour la paix et le leadership. » Hajar Bichri a témoigné d'initiatives menées par ses collègues au Kenya, au Mexique et en Colombie, qui ont permis d'améliorer l'alphabétisation et d'autonomiser les filles en situation de pauvreté. La narration est un élément important de l'approche du Leadership créatif et Hajar Bichri nous rappelle que « dans ce monde façonné par la souffrance, bien que nous n'ayant pas le pouvoir de mettre fin à la guerre, nous avons le pouvoir de soutenir celles et ceux qui souffrent et le choix d'écouter leurs histoires. »
Réné Longet, maire d'Onex et modérateur du panel, a déclaré : « C'est très inspirant pour nous d'écouter les histoires des jeunes. La sagesse n’attend pas le nombre des années. »
Sarah Noble a présenté le panel pour la paix en reprenant les mots du Haut Commissaire des Nations Unies Volker Türk selon lequel la paix est la mère de tous les droits humains, et en nous appelant chacun·e à réfléchir à ce que nous pouvons faire pour changer le cours des choses.
Ces moments ont laissé la place à un échange émouvant avec la lecture du poème Revenge du poète palestinien Taha Muhammad Ali, interprété par l'acteur Sylvain Machac. Moses Garelik, leader spirituel juif, a ensuite témoigné de sa transformation personnelle face aux musulman.e.s après avoir participé à un rassemblement de 100 000 musulman.e.s au Maroc et rencontré Sidi Nabil Baraka (chef spirituel soufi).
Lisa Yasko, membre du Parlement ukrainien, a ensuite exhorté les jeunes à se lancer dans la politique : « C'est un moyen incroyablement important d'insuffler du changement ».
Yael Deckelbaum, musicienne israélienne et militante pour la paix, a exprimé son souhait de voir « les femmes du monde s'unir et mettre fin à la guerre ». Elle a ensuite été rejointe par Guila Clara Kessous, ambassadrice et artiste de la paix pour l'UNESCO, pour interpréter ensemble la chanson « La prière des mères ».
Le panel Conscience réunissait un physicien créatif, un anthropologue et un chercheur sur la conscience des plantes. Tous trois nous ont invité.e.s à réfléchir à la conscience de l'univers, de la terre et des plantes et à examiner comment nous pouvons nous reconnecter à ces forces.
L'après-midi, une session intitulée Walk the Talk s’est tenue, au cours de laquelle Léopoldine Huyghues Despointes, actrice et productrice primée, experte mondiale et défenseuse des personnes en situation d’handicap, a fait part de son combat personnel pour la paix et la manière dont elle s'est rendue compte que « la colère n'était pas la solution. Pour parvenir à une véritable transformation, j'ai compris qu'il n'y avait qu'une seule solution : agir avec amour ! Et rien d’autre ! »
Il est ressorti de ces présentations, et de la peinture centrale de MA2F symbolisant cette journée, que l'art et la culture peuvent être de puissants moyens pour transmettre et réfléchir à la conscience et à l'amour de la paix.
Merci à tous les intervenant.e.s, aux artistes, à l'équipe de soutien technique, aux participant.e.s et à nos formidables organisateurs et organisatrices qui ont fait de cette journée une expérience inoubliable.
Ne manquez pas l'occasion de vous joindre à nous l'année prochaine pour la Journée internationale de la conscience 2025 !
- L'enregistrement de l'événement a été consulté plus de 2000 fois. Vous pouvez le visionner ici.
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- Pour lire une selection des discours, cliquez ici.
Photos: Antonin Lechat, Ulrike Ott Chanu, Tina Clifton
Salomé Flamand
Originaire du canton de Neuchâtel et titulaire d’un Brevet fédéral de Technicienne du Son, Salomé Flamand est aussi spécialisée dans les domaines de la lumière et de la vidéo. Pendant plus de huit ans, elle a été régisseuse son, lumière et vidéo, ainsi que chargée de production dans de grands théâtres, des salles de concert et centres de congrès en Suisse Romande. Elle a également eu l'occasion de travailler pour plusieurs compagnies, dont le Béjart Ballet Lausanne, sur leurs tournées européennes.
Jessica Nissille
Originaire du canton de Fribourg, Jessica Nissille a toujours vécu et grandi dans le canton du Valais où elle se sent épanouie. Après avoir occupé différents postes au sein de diverses PME, elle a décidé de se réorienter vers les Ressources Humaines et a obtenu son certificat de gestionnaire RH en 2023. Sensible aux besoins des autres et désireuse de continuer à développer ses propres compétences, Jessica attache de l'importance à tisser des relations humaines authentiques et à favoriser un environnement propice à l'épanouissement et au développement personnel.